Bonjour! Et bienvenue au premier épisode de l’émission «Les trouvailles de Jaco». Et je dis bien le premier épisode dans la mesure où l’on fait abstraction de l’épisode d’introduction de l’émission naturellement; autrement c’est le deuxième, mais enfin. J’aimerais donc vous faire découvrir un livre que j’ai lu récemment de l’auteur Laurent Gounelle et qui a pour titre «Le réveil». Mais tout d’abord, permettez-moi de vous faire une mise en contexte sur la façon par laquelle je suis venu à en faire la découverte.
Notez également que, sauf lorsque j’ai pu fournir un lien vers la version anglaise des citations contenues dans la version anglaise du présent document, toutes les autres traductions sont des traductions libres aussi littérales que possible.
Mais tout d’abord, permettez-moi de vous faire une mise en contexte sur la façon par laquelle je suis venu à en faire la découverte.
Étant abonné à la revue «Inexploré» de l’INREES ce qui signifie — l’Institut de Recherche sur les Expériences Extraordinaires, c’est un article provenant du site web du même nom et auquel j’ai accès grâce à mon abonnement que j’en fis la découverte.
L’article s’intitule «Le trilemme de Rodrik: les forces incompatibles»1 et il a été publié le 14 avril 2022. Le trilemme porte le nom de Rodrik puisque son auteur se nomme Dani Rodrik. Il est professeur d’économie politique internationale à la John F. Kennedy School of Government de l’université Harvard.
Le trilemme de Rodrik – Définitions
Et donc, en guise d’introduction au trilemme de Rodrik, l’article en question fait mention que: La Démocratie, la souveraineté et la mondialisation sont «trois forces invisibles qui gouvernent nos vies, qui ont une influence sur les peuples.»2
Mais avant d’aborder le sujet, définissons peut-être d’abord les trois forces ou concepts dont fait état le trilemme.
• Premièrement, il y a le concept de «Démocratie» ou plus spécifiquement dans le contexte qui nous importe, le principe de démocratie économique. Alors, ce dernier consiste en l’habilité qu’a un peuple/une société à décider démocratiquement de l’environnement économique dans lequel il désire œuvrer. Par exemple, décider des conditions de travail, décider des salaires à être rémunéré, décider des politiques environnementales en rapport avec leur apport économique et même en rapport avec leur impact économique.
• Puis, il y a le concept de «Souveraineté» qui permet à ce qu’un État-nation a le pouvoir d’établir les règles qui régissent le fonctionnement de son économie de façon autonome et indépendante des autres pays.
• Enfin, il y a le concept de «mondialisation», dans son expression ultime qui vise à éliminer le plus possible les barrières économiques entre les pays. Donc, favoriser la libre circulation des capitaux, des marchandises et des compagnies.
Le trilemme de Rodrik-En théorie
Ainsi, selon Rodrik, il existe une incompatibilité majeure entre ces trois forces qui fait qu’un État-nation ne peut choisir que deux d’entre elles, d’où la notion de trilemme.
La problématique étant la suivante: Comme il est mentionné dans l’article, «lorsque l’économie devient internationale, les entreprises échangent de plus en plus de biens et de services et deviennent interdépendantes. Les États entrent alors dans le jeu d’une concurrence particulièrement appuyée et perdent, dans la foulée mondialiste, la possibilité d’appliquer des politiques nationales interventionnistes pour protéger leur peuple. Le gouvernement peut aussi choisir de sacrifier le processus démocratique s’il veut exercer une réelle souveraineté nationale faite de politiques interventionnistes et/ou autoritaires, tout en s’inscrivant dans la mondialisation. La démocratie prend alors un (sérieux) coup dans l’aile, comme c’est le cas de la Chine et de la Russie, qui privilégient ce qu’il est convenu d’appeler une “camisole dorée.”»3
Citations de Laurent Gounelle sur le trilemme de Rodrik
Ainsi, Laurent Gounelle, toujours dans ce même article, mentionne que: «Le souci, c’est que les gouvernements du monde choisissent, dans leur très grande majorité, de manière plus ou moins officielle, l’hypermondialisation de leurs économies, notamment par des incitations fiscales qui permettent aux multinationales d’imposer leurs lois. Ces lois peuvent enfreindre nos libertés et la véracité de l’information. Le choix de l’hypermondialisation réduit donc considérablement le champ démocratique.»4
Mais comme il en fait mention un peu plus loin: «nombre d’élus ont aujourd’hui intérêt à favoriser l’expansion des multinationales, notamment parce qu’ils savent que leurs vies politiques ne sont pas éternelles. Ils pourront, une fois leurs mandats terminés, se faire embaucher auprès de l’une ou plusieurs des multinationales qu’ils ont privilégiées.»5 Raison de plus, pour notre élite politique, de favoriser la mondialisation.
Le trilemme de Rodrik-En pratique
Mais, selon moi, quoi que Rodrick en dise, même s’il est peut-être vrai qu’en théorie les trois forces ne peuvent coexister dans leur entièreté, peut-être serait-il plus juste d’affirmer qu’en réalité, toutes trois coexistent, mais que deux d’entre elles ont préséance sur la troisième.
Et donc, force est de constater qu’à l’heure où nous en sommes, face à l’hypermondialisation qui semble être au goût du jour, et que l’autre force qui est privilégiée est la souveraineté, c’est la démocratie qui en fait donc les frais. Ainsi, nos gouvernements exercent leur souveraineté certes, mais face à l’importance qui est accordée à l’hypermondialisation, il ne l’exerce souvent qu’en fonction des règles économiques dictées par les multinationales avec lesquelles elles font affaire. Il serait donc faux, pour un état, de se prétendre souverain économiquement alors que sa souveraineté peut-être est bien plus illusoire que réelle puisque ce sont ces multinationales de la mondialisation qui dictent les règles du marché mondial. Les gouvernements coopèrent donc avec elles et sont de connivence avec celles-ci et donc non que très peu d’influence sur les règles qui seront mises en place. Et donc, si notre souveraineté économique en est amoindrie, imaginez de ce qui en est de notre démocratie économique qui, elle, écope.
Conclusion de l’article sur « Le trilemme de Rodrik »
Mais ce n’est pas parce que nos élites politiques auront choisi de privilégier la mondialisation et la souveraineté de l’état au détriment de la démocratie économique des peuples que nous sommes impuissants. Car il s’avère que si le peuple n’est pas du même avis que nos élites politiques quant au peu d’importance accordée au concept de démocratie économique par celles-ci, certains leviers demeurent toujours et à jamais entre les mains des citoyens du monde dont, entre autres, celui de notre pouvoir d’achat.
C’est ainsi qu’en conclusion à l’article sur le trilemme de Rodrik, son auteur ainsi que l’auteur du livre, Laurent Gounelle, tour à tour, nous livre un message d’espoir auquel je souscris pleinement et avec lequel j’aimerais terminer la première partie de ce podcast.
«…, agissons plutôt au niveau où nous nous trouvons [dit l’auteur] “Plus nous serons nombreux à incarner un sursaut et plus ce sursaut changera le monde, souligne Laurent Gounelle. À partir du moment où je décide d’acheter des produits bios chez un petit commerçant proche de chez moi plutôt que dans une grande enseigne, je crée un mouvement. C’est par des actes économiques simples et concrets que l’on parvient à changer la nature d’une économie.”»6
Puis, l’auteur de l’article mentionne que «L’essentiel est bien là: traduire en actions ce que notre cœur nous suggère. “Nous avons beaucoup plus de pouvoir que nous le pensons, précise Laurent Gounelle. L’essentiel est de se réveiller, de prendre conscience de nos propres valeurs et pouvoirs. Dans chaque situation de ma vie, je prends le temps d’écouter mon cœur qui me souffle ce qui est juste. Toutes les réponses sont en moi dès lors que je sais ce que je veux et dans quel monde je veux vivre.”»7 L’auteur de l’article conclut ainsi: «S’informer, agir localement, penser le monde de demain en ayant conscience des leviers existants, sans oublier de rêver de nouveaux modèles, voilà ce qui peut nous guider vers des transformations salutaires pour tous.»8
Il importe donc de se rappeler enfin que, comme Laurent Gounelle en fait mention en conclusion de son livre «Le Réveil»: «Leur puissance (en parlant des multinationales) est en effet celle que vous et moi leur donnons par nos simples choix de consommations.»9
Le trilemme de Rodrik sur le Web
TPour mieux comprendre le trilemme de Rodrik, je vous invite à consulter une très bonne vidéo sur le sujet qui est seulement disponible en français (https://www.youtube.com/watch?v=SE0d7hPjaIg) ou à consulter le blogue de Dan Rodrik disponible seulement en anglais. (https://rodrik.typepad.com/dani_rodriks_weblog/2007/06/the-inescapable.html)
Vous trouverez les deux liens internet à même le transcrit du podcast sur le site web du pilote philosophe au http://lepilotephilosophe.com.
De l’article au livre
Voilà donc ce qui résume l’article sur le trilemme de Rodrik, article qui, par simple curiosité sur le sujet, m’amena à me procurer le livre «Le Réveil» de Laurent Gounelle en pensant que ce livre ne traitait que de ce sujet.
Mais qu’elle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai découvert à sa lecture que le livre «Le Réveil» ratissait beaucoup plus large que le seul sujet du trilemme de Rodrik. D’ailleurs, il n’y a qu’un seul chapitre, qui lui soit consacré, soit le chapitre 11.
À la lecture du livre, j’ai découvert que bien plus qu’un simple livre sur des principes économiques, c’était un livre qui portait à réfléchir sur la façon dont nous sommes gouvernés. Il fait état des mécanismes et leviers en place visant à influencer les populations et dont les pouvoirs politiques se servent dans l’exercice de leur droit, de leur désir et de leur obligation à gouverner les sociétés dont elles ont la responsabilité.
Introduction au livre
La page d’introduction au livre cite Noam Chomsky ainsi: “«La population en général ne sait pas ce qui est en train de se passer. Elle ne sait même pas qu’elle ne sait pas.”10 Cette citation provient d’un livre publié en 1993 qui s’intitule «The Prosperous Few and the Restless Many», traduction libre: Une minorité prospère et une majorité tourmentée.
Il ne pourrait y avoir une meilleure introduction à la réflexion à laquelle l’auteur nous convie. Que savons-nous réellement des forces en présence et des mécanismes dont se servent les divers paliers de gouvernements dans l’exercice de leurs pouvoirs démocratiques par exemple? Leurs intentions sont-elles toujours nobles ou sont-elles teintées parfois par des enjeux autres que ceux qu’ils devraient considérer, à priori, dans l’exercice de leur fonction?
La prémisse du livre
Et donc, afin d’alimenter notre réflexion sur le sujet, voici la prémisse du livre de Laurent Gounelle.
Sans vendre la mèche, disons qu’au fil du roman l’état décide de faire la guerre à la mort de cinq façons subséquentes en commençant par:
- 1- S’attaquer aux décès causés par les accidents de la route.
- 2- Puis ceux causés à cause de la trop grande consommation de sucre.
- 3- Ensuite, il décide de supprimer la monnaie afin de mettre fin à toutes formes de transactions illégales (drogue, vol, proxénétisme) puisqu’elles se font normalement à l’aide de transactions en espèces.
- 4- Puis, le gouvernement désire s’attaquer au réchauffement de l’atmosphère.
- 5- Et enfin, il décide d’instaurer un système de caméra à reconnaissance faciale apte à analyser les expressions faciales et ainsi reconnaitre quelqu’un qui s’apprêterait à commettre un acte violent.
Peut-on ou plutôt doit-on faire la guerre à la mort?
Mais la question se pose d’entrée de jeu, peut-on ou plutôt doit-on faire la guerre à la mort?
Voilà ce qu’en dit l’un des personnages du livre:
1- «Faire la guerre à la mort? … Cela ne revient-il pas à sacrifier la vie?»11
2- «Quand on fait la guerre à la mort, on fait la guerre à la vie, car la vie et la mort sont indissociables».12
3- «Je crois qu’on ne peut pas bien vivre si on a tout le temps peur de la mort».13
Dans le livre, l’un des passages cite une anecdote concernant Avicenne, un grand intellectuel du XIe siècle qui était à la fois philosophe et médecin et qui va comme suit: « C’était par ailleurs un grand buveur. Il buvait tout le temps sans jamais être saoul: son esprit restait clair. Un jour, quelqu’un lui dit: Mais enfin, Avicenne, vous êtes quand même médecin, vous êtes conscient que boire autant, ça va réduire la longueur de votre vie. Avicenne le fixa quelques instants en souriant avant de répondre tranquillemen: Moi, ce qui m’intéresse, ce n’est pas la longueur de la vie. C’est sa largeur.»14
La mort est partie intégrante de la vie puisqu’elle en est son dénouement ultime. Et dans la mesure où on la sait inévitable et qu’on accepte ce fait (en avons-nous vraiment le choix), sachant qu’on ne connait ni l’heure ni le jour où elle adviendra, pourquoi devrions-nous nous y attarder? Rien ni personne ne peut s’en dissocier. Et d’y penser constamment, comme le font les personnages du livre dans leur quotidien, ne pourrait qu’assombrir nos pensées. C’est Serge Bouchard, un grand penseur, anthropologue, essayiste et animateur de radio québécois décédé en 2021 qui mentionnait lors d’une interview, alors qu’il citait Montaigne (un philosophe, humaniste et moraliste français de la Renaissance, qui en plus était un écrivain érudit.) que: «Montaigne disait que vivre, c’est apprendre à mourir. [Serge Bouchard poursuit en disant], “Je passe mon temps à essayer de donner un sens à cette vie et je me prépare à partir dignement.”»15 Fin de la citation Et donc alors que l’on s’efforce à donner un sens à nos vies comme le suggère Serge Bouchard, pourquoi ne pas prendre un peu exemple sur Avicenne et vivre pleinement?
Manipulations, comment s’y prennent-ils?
Revenons-en donc à la prémisse principale du livre, soit l’imposition de diverses mesures afin de permettre au gouvernement de mener à bien sa guerre contre la mort.
Pour que toutes les mesures concoctées puissent être appliquées, il faut réussir à convaincre la population d’y adhérer. Il semblerait que la première fois qu’un tel stratagème de contrôle des masses a été utilisé, de façon «systémique» pour se servir d’un mot à la mode, selon ce que l’auteur en dit en Page 27, ce fut en 1917 par le «Commitee on Public Information» (comité sur l’information publique) qui avait pour mandat de convaincre la population américaine du bien-fondé d’entrer en guerre, chose à laquelle elle était réfractaire. À cet effet, le livre mentionne en parlant de ce comité que «L’idée n’est pas de convaincre avec des arguments rationnels, mais d’induire des émotions chez les gens pour forger de toutes pièces l’opinion publique en la façonnant dans le sens voulu par le pouvoir.»16
Au fils du livre, l’auteur porte à réfléchir sur le bien-fondé des diverses restrictions aux fur et à mesure qu’elles sont mises en place. Il nous fait aussi réfléchir sur la façon dont nous consommons l’information et sur le fait que nous la recevons de façon continue, et ce sur de multiples plateformes, ce qui ne peut qu’aider un gouvernement à faire passer son message, que leurs intentions soient nobles ou non.
Et en ce qui a trait aux médias d’information, même si je n’ai personnellement aucune raison de douter de l’intégrité des journalistes professionnels qui nous rapportent la nouvelle (dans la mesure où le mot le dit, ils sont des professionnels), il faut toujours se rappeler que l’information qui nous est partagée n’est bel et bien que celle que les gens en autorités décident de partager. (Chef de pupitre, politiciens, PDG, etc.)
C’est d’ailleurs pourquoi l’auteur met en scène l’un de ces personnages ayant une conversation hypothétique avec Noam Chomsky et qui va comme suit: «Pourquoi lisez-vous le journal jeune homme [dit Noam Chomsky]? Euh… Pour avoir des nouvelles du monde… [Dit le personnage] [Et Noam Chomsky de répondre,] non Monsieur. En lisant le journal, vous avez des nouvelles de ce qui est écrit dans le journal…»17
Ainsi, au fil du temps, alors que les diverses mesures sont mises en place dans le roman, elles semblent toujours l’être sur le prétexte de voir au bien-être de la population et de diminuer le taux de décès jugés trop élever. Mais est-ce bien le cas? Pourrait-il y avoir d’autres instances ou organismes qui sauraient profiter aussi bien sinon plus de la situation que la simple population visée, que l’on parle d’instances économiques ou politiques?
D’ailleurs, quant à savoir qu’elle pourrait être le rôle joué par les multinationales de ce monde dans l’établissement de diverses politiques gouvernementales, Laurent Gounelle met au banc des accusés le forum de Davos, entre autres, alors qu’il mentionne ceci: «Que des patrons de multinationales veuillent s’attaquer aux problèmes du monde ne manque pas de piquant puisqu’ils sont à l’origine de la plupart d’entre eux: pollution, réchauffement climatique, dégénérescence culturelle, violence… Qu’ils se permettent alors de proposer des solutions qui, miraculeusement, arrangent aussi leurs affaires ne surprendra personne. On pourrait donc se contenter d’en sourire…»18
Et donc, comment s’y prennent-ils pour arriver à leurs fins? En contrôlant le message à tous les instants et sur toutes les plateformes possibles, mais plus encore, en divisant la population afin de mieux régner tel que l’auteur tend à le démontrer.
Et quoi de mieux, comme exemple de division de la population, que l’utilisation des caméras à reconnaissance faciale par exemple, dont il est fait mention dans le livre? Je n’en connaissais pas l’existence jusqu’ici, mais il semble que la Chine s’en sert d’ores et déjà. L’auteur explique d’ailleurs qu’une note dite de crédit social est accordée à tous les citoyens en fonction de leur comportement. Et puisque tous leurs faits et gestes (du domaine public) sont épiés, il est facile de savoir s’ils ont enfreint une loi ou une consigne. Le cas échéant, leurs amis sont prévenus de leur mauvaise note et sont incités à les sermonner ou à ne plus les fréquenter.
Il est dit que: «Le système s’appuie énormément sur la honte et la peur de l’exclusion du cercle amical.»19 D’où mon inquiétude quant à savoir si cette technologie ne pourrais pas être appliqué à la grandeur du monde avec de plus en plus d’aisance un jour, car, tel qu’il en est fait mention dans le livre, «les jeunes d’aujourd’hui sont nés avec Facebook et ont ainsi été conditionnés dès leur plus jeune âge à acquérir l’approbation des autres. Ils sont mûrs pour le contrôle social: la simple peur du jugement des autres les poussera à suivre comme des moutons les injonctions du pouvoir en place.»20
Et donc, en ce qui a trait à la manipulation des masses, Noam Chomsky est cité comme suit dans le livre: «La manipulation est aux démocraties ce que la matraque est aux régimes totalitaires.»21
Puis, plus loin, on le cite à nouveau ainsi: «Toute l’histoire du contrôle sur le peuple se résume à cela: isoler les gens les uns des autres, parce que si on peut les maintenir isoler assez longtemps, on peut leur faire croire n’importe quoi.»22
À cet effet, voici une citation de Machiavel, un humaniste florentin de la Renaissance dont il est fait mention dans le livre: «S’appuyer sur la peur est le meilleur moyen de conduire les gens à renoncer à leurs libertés. Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes.»23
Enfin, en faisant référence aux autorités allemandes qui ont façonné l’opinion publique allemande lors de la Deuxième Guerre mondiale, Laurent Gounelle mentionne que: «Quand on s’y prend bien, en jouant sur les émotions, on peut faire croire aux gens n’importe quoi, y compris des horreurs, même aux plus intelligents et cultivés d’entre eux.»24
À cette fin, plusieurs exemples dans le livre démontrent d’ailleurs à quel point, au nom d’une bride de liberté retrouvée, la population était prête à accepter de nouvelles consignes et ce, même si elles pouvaient leur paraitre absurdes.
Le parallèle avec la pandémie de COVID-19
Or, y aurait-il un parallèle à faire avec la pandémie de COVID-19 et la mise en situation que le livre nous propose? Je ne connais pas le point de vue de Laurent Gounelle quant à la façon dont la pandémie de COVID-19 a été gérée en France. Et donc, je ne suis pas en mesure de savoir si les analogies contenues dans son livre sont des critiques voilées ou non du gouvernement français. Néanmoins, tout ce que je peux affirmer avec certitude toutefois est que les mises en situation contenues dans le livre tel que la lutte acharnée contre les décès liés aux accidents de la route et ceux attribués à la surconsommation de sucre portent grandement à réfléchir quant aux techniques de manipulation des masses dont pourraient se servir (où se servent déjà) les gouvernements.
Et donc, selon moi, tous ceux qui liront ce livre ne pourront faire autrement que d’y voir un parallèle potentiel avec la façon dont les gouvernements de tous les peuples ont incité leurs concitoyens à obtempérer avec les règles de confinement et les consignes comportementales imposées en rapport à la pandémie de la COVID-19.
Mon point de vue sur la pandémie
Mais, avant d’aller plus loin dans mon propos, afin qu’il n’y ait pas d’équivoque sur les intentions que sont les miennes à vous faire découvrir ce livre, j’aimerais profiter de l’occasion et vous faire part de mon point de vue sur la pandémie en relation avec la thématique du livre. Quoiqu’à bien des égards, je partage les inquiétudes de Laurent Gounelle quant aux stratagèmes dont les gouvernements peuvent faire usage, et des contextes dans lesquels ces derniers pourraient y avoir recours, je ne suis pas de ceux, en rapport avec la pandémie de COVID-19, que l’on saurait qualifier de conspirationnistes.
Généralement, je suis en accord avec la vaccination volontaire et avec l’idéologie sous-jacente à la plupart des mesures de confinement qui ont été mises en place, même si je n’ai pas toujours été en accord avec la façon dont elles furent appliquées ni leurs durées dans le temps. Mais je reconnais toutefois le bien-fondé qu’a un gouvernement démocratiquement élu à faire du mieux qu’il peut dans les circonstances afin de protéger la collectivité dont il est garant.
Je considère donc que les techniques de manipulation de masses envers lesquelles Laurent Gounelle nous met en garde et dont se servirent les divers gouvernements qui me gouvernent, dans le contexte de leurs gestions de la pandémie de la COVID-19, comme l’ayant été à bon escient. Ce ne sont pas parce qu’elles existent et qu’elles ont été utilisées qu’elles sont nécessairement néfastes selon moi. Chaque situation est unique en soi et dans ce cas-ci, je conclurais mon propos sur la pandémie ainsi; face à l’urgence d’agir, face à autant d’inconnu, les gouvernements n’avaient pas d’autres choix que de tout mettre en œuvre afin de faire en sorte qu’un plus grand nombre possible de citoyens obtempère avec les mesures sanitaires. Et donc, aux grands maux, les grands moyens.
Conclusion- Les Forces en Présence
Mais que vous ayez été en accord ou non avec la façon dont la pandémie a été gérée dans votre coin de pays, il importe néanmoins de demeurer à l’affût des moyens employés et des forces en présence, car il n’existe qu’une fine ligne entre ce qui peut être considéré comme approprié et ce qui peut être considéré comme abusif. Et chacun a droit à son interprétation quant à elle.
Il importe donc pour nous tous de bien comprendre les rouages de manipulation des masses utilisés et de juger de leur pertinence, car c’est la seule façon de demeurer aux aguets, et ainsi rendre nos gouvernements redevables afin d’éviter tout dérapage potentiel.
Il est donc du devoir de tout citoyen de se demander, dans quel contexte nous acceptons d’être manipulés par le pouvoir politique en place. Et même si les intentions semblent nobles, on devrait toujours se demander: jusqu’à quel point et dans quel contexte sommes-nous prêts à accepter de sacrifier notre liberté?
C’est donc le genre de question et d’enjeu auquel nous confronte le livre, ce qui ne peut faire autrement que de porter le lecteur à réfléchir tout au long du déroulement de l’histoire.
À la lecture du livre donc, force est de constater qu’il en faudrait de peu pour que ces mêmes techniques servent à d’autres fins, d’où l’importance, comme le mentionne Laurent Gounelle, que: «… chacun est en droit de connaître les techniques de manipulation des masses auxquelles sont formés les puissants. Ainsi, chacun peut les reconnaitre quand elles sont à l’œuvre, afin de les déjouer et ainsi pouvoir conserver sa liberté.»25
Conclusion –
Protégé la liberté et exercer son devoir d’expression
Alors, pourquoi vous avoir fait découvrir ce livre qui, je l’admets, selon l’interprétation de certains, pourrait faire controverse? (Même Laurent Gounelle faisant part de son hésitation préalable quant à écrire un tel livre.)
Parce que, tout comme Laurent Gounelle, je considère qu’il en est de mon devoir, comme il l’est à tout un chacun, d’établir un dialogue. Et comme à bien des égards l’histoire du roman peut nous ramener à celle de la pandémie, où trop souvent des discours sont devenus des discours de sourds, je crois qu’il importe plus que jamais d’engager un dialogue avec quiconque désire dialoguer.
Je partage donc le point de vue de l’auteur dont il nous fait part à la fin de son livre soit, «mon espoir est aussi que ce livre contribuera à réduire le clivage qui a été volontairement induit dans la population, parfois au sein même des familles. Ce qui nous divise nous rend malheureux. Nous ne méritons pas de souffrir en raison de points de vue différents et notre unité familiale, amicale et, plus largement, humaine est essentielle à notre équilibre de vie. Il est grand temps de renouer avec ceux qui pensent autrement, et de s’aimer malgré les divergences pour vivre pleinement ce qui nous relie».26
Et tout comme je l’ai mentionné dans l’introduction à l’émission «Mon point de vue à 35 000 pieds»: «“ … que votre opinion s’accorde ou soit à l’encontre de la mienne m’importe peu. L’important c’est les dialogues qu’engendra chaque opinion. Car sans opinion, il n’y a pas de débat et sans débat, il n’y a non plus aucun dialogue. Et c’est par le dialogue qu’on est en mesure de mieux se comprendre et surtout mieux comprendre autrui, et qu’ainsi nos sociétés peuvent progresser. Il importe donc d’émettre son opinion, mais il importe encore plus d’écouter l’opinion d’autrui, qu’on soit d’accord avec celle-ci ou non».”27
C’est Noam Chomsky qui disait que: «La liberté d’expression n’a de sens que si elle s’applique aux opinions qui vous répugnent. Ou tu défends la liberté d’expression pour des opinions que tu détestes, ou tu ne la défends pas du tout.»28
C’est donc pourquoi je remercie Laurent Gounelle d’avoir écrit ce livre.
Conclusion ultime
J’aimerais terminer sur une citation tirée du livre, trop belle pour ne pas vous en faire part: «Un être humain, pour s’éveiller à lui-même et s’épanouir, a besoin d’élever son âme. Élever son âme est le fruit d’un travail sur soi auquel invitent les traditions spirituelles du monde entier, du christianisme à l’hindouisme et de l’islam au bouddhisme en passant par le judaïsme ou le taoïsme. Les spiritualités laïques y invitent aussi: c’est toute la démarche des philosophes depuis l’Antiquité, qui cherche le chemin de la sagesse et de “la vie bonne”. Ce travail sur soi vise à élever sa conscience notamment en clarifiant ses pensées et ses intentions, en se libérant de ses peurs, en maîtrisant ses pulsions, en développant en soi la compassion et l’amour: amour de soi, amour des autres, amour de la vie. Ce travail est exigeant, difficile, mais les vrais efforts qu’il demande sont toujours récompensés, car ils nous font avancer de jour en jour sur le chemin d’une joie durable, bien au-delà des petits bonheurs très passagers que l’on peut tous par moment ressentir. Pourquoi ce travail sur soi est-il exigeant? Parce qu’il sera toujours plus facile de se laisser happer par nos peurs que de gagner en confiance, il sera toujours plus facile de s’assujettir au regard des autres que de s’en libérer, il sera toujours plus facile de juger que de comprendre, il sera toujours plus facile d’obéir à nos bas instincts que de s’en délivrer: il sera toujours plus facile de se laisser tirer vers le bas que d’élever sa conscience.»29
Pour plus d’informations
J’espère que vous avez aimé ce podcast.
Pour plus d’informations au sujet de Laurent Gounelle ou de son livre «Le Réveil», je vous invite à consulter les liens au bas du verbatim du podcast que vous trouverez sur le site du http://lepilotephilosophe.com
- https://www.laurentgounelle.com
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Gounelle
- Questions à Laurent Gounelle
- YouTube video entitled: Laurent GOUNELLE ou « Le réveil »
Vous y trouverez aussi les liens mentionnés plus haut en rapport avec le trilemme de Rodrik.
Sur ce, je vous dis à bientôt.
D’ici là, portez-vous bien.
Jaco
Sources
- Helme, Benoit. “Le Trilemme De Rodrik : Les Forces Incompatibles – Inexploré Digital.” Inexploré, 14 Apr. 2022, inexplore.inrees.com/articles/trilemme-rodrik-laurent-gounelle-reveil-souverainete-nationale-ultra-mondialisation-democratie-dictature.
- ibid
- ibid
- Ibid
- ibid
- ibid
- ibid
- ibid
- Gounelle, Laurent. Le Réveil: Roman. Calmann-Lévy, 2022. Page 183
- Ibid Page 9
- Ibid Page 21
- Ibid Page 168
- Ibid Page 101
- Ibid Page 169
- ENTRETIEN AVEC SERGE BOUCHARD | Décembre 2018 | CHU De Québec-Université Laval. https://www.chudequebec.ca/a-propos-de-nous/publications/revues-en-ligne/spiritualite-sante/entrevues/entretien-avec-serge%C2%A0bouchard-anthropologue.aspx
- Gounelle, Laurent. Le Réveil: Roman. Calmann-Lévy, 2022. Page 28
- Ibid Page 26
- Ibid Page 58
- Ibid Page 162
- Ibid Page 163
- Ibid Page 94
- Ibid Page 111
- Ibid Page 94
- Ibid Page 36
- Ibid Page 182
- Ibid Page 182-183
- Jaco. “Mon point de vue à 35000 pieds-Introduction.” Jaco-Le Pilote Philosophe, 21 Jan. 2022, https://lepilotephilosophe.com/mon-point-de-vue-a-35000-pieds/mon-point-de-vue-a-35000-pieds-introduction/.
- Gounelle, Laurent. Le Réveil: Roman. Calmann-Lévy, 2022. Page 161
- Ibid Page 42-43