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Mon point de vue à 35000 pieds-Introduction

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Je suis Jaco, le pilote philosophe. Bienvenue au podcast d’introduction de l’émission « Mon Point De Vue à 35 000 pieds ».

« L’homme doit s’élever au-dessus de la Terre — aux limites de l’atmosphère et au-delà — ainsi seulement pourra-t-il comprendre tout à fait le monde dans lequel il vit. » 1

Cette dernière citation est généralement attribuée à Socrate, mais il n’existe toutefois aucune preuve qu’il a vraiment prononcé ces mots exacts. Néanmoins, la citation s’apparente grandement dans son sens à un passage des entretiens rapportés par Platon dans Phédon et dans lesquels il évoque la même prémisse soit celle de la perspective différente que saurait avoir l’homme s’il était en mesure de quitter la surface du globe qu’il habite. Ainsi, il est écrit que : « … si quelqu’un pouvait arriver en haut de l’air, ou s’y envoler sur des ailes, il serait comme les poissons de chez nous qui, en levant la tête hors de la mer, voient notre monde ; il pourrait lui aussi, en levant la tête, se donner le spectacle du monde supérieur ; et si la nature lui avait donné la force de soutenir cette contemplation, il reconnaîtrait que c’est là le véritable ciel, la vraie lumière et la véritable terre. »2

C’est dire que déjà dans l’antiquité, et donc bien avant la conquête du ciel et de l’espace, des philosophes tels Platon avaient compris le bienfait qu’aurait l’homme à s’envoler et s’élever au-dessus de la terre ferme, dans le but de mieux comprendre et apprécier le monde dans lequel on évolue. Ils étaient donc conscients que de quitter la surface de la Terre pour mieux l’observer saurait amener une perspective tout autre à l’observateur qui en ferait l’exercice, autant au sens propre qu’au sens figuré. C’est d’ailleurs exactement ce qui est survenu à Edgar Mitchell, astronaute de la mission Apollo 14 dont le séjour dans l’espace fut l’élément déclencheur de la quête de sens qui l’animera pour le reste de sa vie et qui l’amena entre autres, à cofonder l’Institut des sciences noétiques. 3 Je m’attarderai plus longuement à ce personnage fascinant lors d’un podcast subséquent.

Et donc, je n’ai peut-être pas la chance de pouvoir admirer la terre à partir de l’espace tel un astronaute ou comme en fait mention Socrate je ne me rends peut-être pas « aux limites de l’atmosphère et au-delà », mais il m’est tout de même permis d’admirer la terre dans toute sa splendeur du haut de mes 35 000 pieds. (J’en profite ici pour faire un clin d’œil à mon ami Shaun qui m’a fait remarquer que, quoique je ne vole pas qu’à 35 000 pieds, c’est toujours l’altitude dont je me servais, sans m’en rendre compte nécessairement, lorsque j’illustrais mon propos.) Ainsi, même si tous mes voyages n’ont lieu que dans les confins de l’atmosphère, il m’est néanmoins possible d’admirer la terre d’un point de vue privilégié. D’ici haut, la beauté inouïe de la terre m’éblouit sans cesse, tout m’apparait grandiose, majestueux. Et face à cette vision de beauté inhérente, un sentiment de paix et de sérénité vient qu’à m’habiter chaque fois, à la vue d’un tel spectacle, alors qu’aucune frontière territoriale ou politique n’est visible, aucune différenciation raciale ou sociale n’est apparente. C’est donc de ce point de vue d’émerveillement que je me permettrai de vous faire part de mes points de vue, car le fait d’avoir le privilège d’admirer la terre ainsi, aussi souvent qu’il m’a été permis de le faire au fil de ma carrière, m’apporte une tout autre perspective, une perspective que j’oserai qualifier d’éclairée.

Mais avoir une perspective, aussi éclairée soit-elle, n’équivaut pas à posséder la vérité. Et de toute façon, y a-t-il quelqu’un qui pourrait prétendre la posséder ? Même les philosophes et grands penseurs de ce monde ne s’entendent pas toujours entre eux sur l’un ou l’autre des sujets abordés. Plus encore, leurs pensées peuvent même évoluer dans le temps au point de se dédire eux-mêmes au fil des ans, car il est important de comprendre et de se rappeler que la pensée, même celle des plus grands philosophes peut être changeante et peut-être appelé à évoluer. Mon seul désir est donc que mes propos alimentent les réflexions de tout un chacun. En vous faisant part de mes points de vue, mon objectif ne sera pas de vous convaincre du bienfondé de mon point de vue, mais bien de susciter en vous une réflexion, afin que vous formiez votre propre opinion. Et que votre opinion s’accorde ou soit à l’encontre de la mienne m’importe peu. L’important c’est les dialogues qu’engendra chaque opinion. Car sans opinion, il n’y a pas de débat et sans débat, il n’y a non plus aucun dialogue. Et c’est par le dialogue qu’on est en mesure de mieux se comprendre et surtout mieux comprendre autrui, et qu’ainsi nos sociétés peuvent progresser. Il importe donc d’émettre son opinion, mais il importe encore plus d’écouter l’opinion d’autrui, qu’on soit d’accord avec celle-ci ou non. C’est donc dans le plus grand des respects que je vous invite à prendre connaissance de mes points de vue et surtout, à me partager le vôtre, afin que des dialogues s’en suivent.

Comme Nigel Warburton l’a écrit dans son livre « A Little History of Philosophy », « … le mot “philosophe” vient des mots grecs signifiant “amour de la sagesse”. La tradition occidentale de la philosophie, celle que suit ce livre, s’est répandue depuis la Grèce antique dans de grandes parties du monde, parfois influencées par des idées venues de l’Orient. Le genre de sagesse qu’elle valorise est basé sur des arguments, des raisonnements et des interrogations, et non en y croyant simplement parce que quelqu’un d’important vous a dit qu’elles sont vraies. La sagesse pour Socrate ne consistait pas à connaître beaucoup de faits, non plus, de savoir comment faire quelque chose. Cela signifiait plutôt de comprendre la vraie nature de notre existence, y compris les limites de ce qu’il nous est possible de savoir. »4 C’est donc l’approche que je privilégierai soit celle de l’argumentaire raisonné et raisonnable, démuni de toute émotion, toujours dans l’espérance de faire preuve du plus de sagesse possible.

Enfin, puisque la pandémie mondiale qui nous afflige demeure d’actualité et le sera encore pour un bon moment, mes premiers « points de vue » auront trait à celle-ci. Peut-être mes propos pourront-ils vous faire voir la pandémie sous un autre angle. Et malgré la tourmente dans laquelle on se trouve et qui nous affecte tous de façon différente, pourquoi ne pas réfléchir afin de rationaliser le tout et sortir grandi de l’expérience ?

Alors, permettez-moi de vous partager mon point de vue du haut de mes 35 000 pieds.

En terminant, j’aimerais vous faire mention que, pour ceux que ça intéresserait, ce podcast est aussi produit en version anglaise. Pour y accéder, visitez simplement le site web https://thephilosopherpilot.com. Autrement, je vous invite à consulter le site du pilote philosophe au https://lepilotephilosophe.com et y découvrir les trois émissions podcasts ainsi que le blogue qui s’y trouve. Peut-être voudrez-vous aussi vous inscrire à mon bulletin d’information afin d’être à l’affût des nouveautés. Enfin, si vous aimez mes écrits et mes podcasts, informez-en votre entourage en les partageant, ce serait grandement apprécié. À bientôt pour un autre podcast du pilote philosophe.

Credits:
Musique de Infraction sur Bandcamp
Photo de Nikola Ancevski sur Unsplash

Sources

  1. Citation attribuée à Socrate, inspiré des entretiens tel que rapportés par Platon dans Phédon.
  2. « En outre, dit-il, je suis persuadé que la terre est immense et que nous, qui l’habitons du Phase aux colonnes d’Héraclès, nous n’en occupons qu’une petite partie, répandue autour de la mer, comme des fourmis ou des grenouilles autour d’un étang, et que beaucoup d’autres peuples habitent ailleurs en beaucoup d’endroits semblables ; car il y a partout sur la terre beaucoup de creux de formes et de grandeurs variées, où l’eau, le brouillard et l’air se sont déversés ensemble. Mais la terre pure elle-même est située dans le ciel pur où sont les astres, que la plupart de ceux qui ont l’habitude de discourir sur ces matières appellent l’éther. C’est l’éther qui laisse déposer l’eau, le brouillard et l’air qui s’amassent toujours dans les creux de la terre. Quant à nous, nous ne nous doutons pas que nous habitons dans ces creux, nous croyons habiter en haut de la terre, comme si quelqu’un vivant au milieu du fond de l’Océan se croyait logé à la surface de la mer et, voyant le soleil et les astres à travers l’eau, prenait la mer pour le ciel, mais, retenue par sa pesanteur et sa faiblesse, ne serait jamais parvenu en haut de la mer et n’aurait jamais vu, en émergeant et levant la tête vers le lieu que nous habitons, combien il est plus pur et plus beau que le sien et ne l’aurait jamais appris de quelqu’un qui l’aurait vu. C’est justement l’état où nous sommes nous-mêmes. Confinés dans un creux de la terre, nous croyons en habiter le haut, nous prenons l’air pour le ciel et nous croyons que c’est le véritable ciel où les astres se meuvent. C’est bien là notre état : notre faiblesse et notre lenteur nous empêchent de nous élever à la limite de l’air ; car si quelqu’un pouvait arriver en haut de l’air, ou s’y envoler sur des ailes, il serait comme les poissons de chez nous qui, en levant la tête hors de la mer, voient notre monde ; il pourrait lui aussi, en levant la tête, se donner le spectacle du monde supérieur ; et si la nature lui avait donné la force de soutenir cette contemplation, il reconnaîtrait que c’est là le véritable ciel, la vraie lumière et la véritable terre. » Platon. Phédon (Édition française) (pp. 177-179). Kindle Edition.
  3. les sciences noétiques révèlent une compréhension plus profonde de nos mondes intérieurs, de notre réalité partagée et de l’interconnexion entre toutes choses.
  4. Traduction libre d’un extrait de : Warburton, Nigel. A Little History of Philosophy (p. 3). Presse universitaire de Yale. Édition Kindle.
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